Voyage à Cahors – 26 au 29 mai 2010
Avertissement : tout ce qui suit n’est pas rigoureusement vrai, l’auteur prenant parfois quelques libertés afin d’embellir la réalité.
Mes bien chères sœurs, mes bien chers frères,
Ayons une pensée émue pour votre prédicateur habituel. Il est retenu par ses soucis rotariens et nous devons donc siroter sans lui.
Ce voyage a commencé merveilleusement bien mercredi après-midi. En poussant la porte de l’hôtel, belle surprise, Yvonne et Justin sont là. Je crois que je rêve, je me pince, c’est bien vrai. Voilà un voyage qui commence bien, me dis-je. Et puis, petit à petit, tout le groupe arrive en grande forme. Magnifique.
Juste un tout petit problème, Robert a oublié mon prénom, il m’appelle Bart ! (pas trop grave, tous les autres ont l’air dans leur état normal)
En ce premier soir, une bonne partie du groupe part en virée à Cahors. De leur sortie, je ne puis conter les exploits, à part que Jacqueline a eu un peu de mal avec les premiers verres de Cahors et est tombée dans un coma éthylique au milieu de la ville. Heureusement, André et Juliette ont pu la ramener sans trop de mal à l’hôtel.
Pour le petit groupe dont j’étais et qui a choisi de rester à l’hôtel, la soirée fut pleine de surprises, la première étant pour ‘ma pomme’ quand notre président bien aimé m’annonce qu’il me nomme ‘scribe’ du voyage. Je me dis que c’est une erreur et que demain il aura oublié, mais je comprends avec stupeur pourquoi Robert m’appelle ‘Bart’.*
Allez, c’est bon pour une fois.
Donc, pour les huit restés ce mercredi soir à l’hôtel commence une soirée un peu déjantée.
Dans le brouhaha, le château Chambert que nous devons visiter le lendemain se transforme en château pineraide, alors, quand on nous apporte une petite mise en bouche japonaise, certains se mettent à rêver de geishas. Heureusement, notre maître d’hôtel, monsieur l’Ange (c’est son nom) nous remet dans le droit chemin. Nous nous interrogeons sur le ventre arrondi de notre sympathique serveuse, appelons-la Marie. Doit-on l’appeler mademoiselle ou madame ? L’ange (pas Gabriel) nous dit qu’il ne faut pas s’en faire, il n’y a plus de règles. Là-dessus, Gaby nous informe que le lendemain, il va prendre son plaisir sur une péniche et lire les versets sataniques- pardon, jouir d’un vin si tannique !
* Dans la civilisation celtique, le barde est un poète et chanteur qui tient une place prépondérante dans la société en perpétuant la tradition orale…définition que je préfère à la suivante : tranche de lard dont on enveloppe une pièce de viande ou de volaille…
Le lendemain.
Ein, zwei,… un groupe super discipliné est au
petit-déjeuner.
A 8h.15 tout le monde est dans le car. On attend plus que
J……. Jacqueline. On préfère qu’elle ne court pas vu les problèmes de la
veille.
La ruée vers l’Ouest démarre. Gaby oublie presque de nous
présenter notre chauffeur, Patrick. Par contre, c’est avec amusement qu’il
nous parle de Moncuq.
Nous arrivons donc à l’Ouest, à château Chambert sur le sol
Amérindien, où d’habiles aussi peaux-rouges………….
Kimméridgien, d’argile et oxydes de fer rouge.
Franco Dragone décroche la lune. Notre sorcier, Justin,
allume le soleil pour Myriam ! N’importe quoi ! Enfin, il parait que
plus c’est gros, mieux ça marche.
Le grand-père, couvert de décorations, nous regarde l’œil
sévère. Et les vins?
Cette première dégustation ne fait pas l’unanimité. Même si
Carla, qui nous dévoile ses belles jambes sous sa robe rubis en séduit quelques-uns,
beaucoup restent indifférents. Carla est pourtant à boire et peut se garder 15
à 20 ans, et plus, si affinité. Le problème de Gaby est que quand elle
arrivera à son point culminant, il aura déjà bu la dernière bouteille !
Nous sommes accueillis ensuite à la Bérangerie où père, mère,
frère, sœur, beau-frère, … travaillent en parfaite harmonie, ce qui épate
Yvonne et Justin. Juline nous fait l’introduction et son président de frère
prend le relais. Il est intarissable et veut nous faire partager sa passion de
la vigne, vinification, terroir calcaire à affleurements si(dé)rolithiques …Il
en oublierait presque de nous faire déguster. Pourtant, sa cuvée ‘Juline’ (un
vin de femmes) et ‘Maurin’ (un vin d’homme) avec leurs arômes de fruits rouges,
de menthol et d’anis en valent la peine. Hommes et femmes du groupe se
réconcilient dans les quatre chambrées en goûtant la nuit des rossignols.
Ensuite, déjeuner à l’hôtel Bellevue. Nous apprécions
effectivement la vue magnifique sur le Lot, jusqu’au moment où André jette un
froid en signalant que cette belle véranda en surplomb (et donc aussi notre
‘lot’) ne repose que sur un seul petit pilier (flambant).
Château la Gineste. Monsieur Dega, vigneron par passion
après une carrière dans les télécom nous confie les secrets de la Gineste :
sols kimméridgiens, petits rendements, micro-oxygénation,… Tout cela se passe
‘un jour sur terre’, sur cette terre où serait passé Richard Cœur de Lion
(Plantagenêt). Tout se passe bien sauf pour Gaby qui est obligé de goûter du
rosé doux.
Au château Eugénie, monsieur Claude nous réveille. Le petit
bonhomme d’un autre âge, nous surprend en annonçant le prix de 3
barriques : 1 million ! Nous ne savions pas qu’il parlait encore en
francs, et qui plus est en anciens francs. Ses vins en surprennent plus d’un
par leur typicité, leur force, leur fruits compotés, leur léger boisé. Gaby
est super heureux de trouver enfin un spécialiste du Tannat, ce Tannat qui
‘colle aux dents’ et que Claude peut même faire mûrir avant le Malbec !
Sacré petit bonhomme ! Méfions nous quand même, car il n’hésite pas à
mettre son ‘aïeul’ directement entre 4 planches (barrique).
Ce pince-sans-rire aurait pu en raconter beaucoup plus, mais
le temps presse et il a juste le temps de nous raconter son histoire sur les
Liégeois.
Jour 2.
8 h.45. Nous attendons J……2 minutes, ce n’est pas du retard !
Serge Bessière et son épouse nous accueillent au château
Plat Faisant où ils travaillent seuls après être sortis de la coopérative.
Madame nous apporte 2 grands plateaux de toasts au pâté de canard pendant que Serge
nous explique le vin et les difficultés de la vie du vigneron indépendant qui,
en plus de son métier pas toujours évident, doit parfois faire face à une
administration tatillonne. Belle dégustation, beau travail, beau vin. Nous
apprenons enfin l’origine et la signification du verre de Cahors et Annie se
distingue en devinant la contenance de la Cadurcienne.
11 h.17. Domaine de la Passelys. Passe ton chemin,
pèlerin, les Baudel se sont taillés. La peur d’être en retard se mue chez notre
GO en frustration colérique, mais la sérénité du groupe le rassure et il
actionne le plan B. Visite de Caillac et apéritif improvisé sur la terrasse du
restaurant le Vinois. Auparavant, pré-apéritif au bar-tabac pour certaines et
visite de l’église pour un petit groupe. Surprise, le père Gilbert qui
restaure l’église avec sa servante (que Justin appelle malencontreusement
‘monsieur’) nous ouvre les portes du paradis.
Au restaurant, bon repas dans une belle grande salle, servi
par une belle grande fille. Malgré la magnifique chambre froide, nous mangeons
chaud et bien. Annie qui commence, se prend pour la reine d’Angleterre,
peut-être parce qu’on ouït dire à l’autre bout de la table que son mari à la
plus grande….. ?
Seul petit bémol, la jeune serveuse (qui a quand même déjà
mari et enfant) va se plaindre à l’organisateur qu’un grand black l’a presque
violée avant de sortir. (Eh oui, ce mâle bec)
15 h. Lo Domeni, où Pierre Pradel travaille son domaine de
7ha seul en biodynamique… Mais il sera bientôt aidé par un cheval et une jeune
fille. La jeune fille devra passer avec le cheval entre les rangs…et peut-être
que le Tannat arrivera à maturité (comme pour les tomates). Pierre replante du
Chenin. Dans le ‘Cot’ on travaille à 22°C pour obtenir satisfaction (60
hl/ha).
Ouf, il est grand temps d’aller dormir.
3e jour 8h.45
On attend….personne et d’ailleurs peu importe puisqu’on
arrive ½ heure à l’avance au château La Grézette, le ‘Cheval Blanc’ de Cahors.
Monsieur Bazon connait la chanson et nous accueille, ma foi, très agréablement,
même que nous terminons la dégustation au pigeonnier.
Après une belle visite guidée de la ville, car Cahors cache
bien ses secrets, nous prenons notre dernière collation de midi. Annie est
déçue, un steak sans frites et pas de dessert.
Comme nous sommes toujours ivres…d’apprendre, certains
lisent la contre étiquette. Annie nous lit que le Malbec, cépage roi de Cahors,
fait partie de la famille de coïtoides.
D’autres, qui ne voient guère mieux croient lire corticoïdes*…Afin
d’éviter toute discussions, Thérèse fait diversion avec son éplucheur de
tomates. Tout rentre dans l’ordre. Saint-André fait un miracle pour que les
verres se remplissent et que nous puissions porter un toast et le groupe se
disloque avant de se retrouver pour la prière du soir.
Charly Emond
*Le côt (Malbec) a
donné son nom à la famille des Cotoïdes, groupe de cépages
originaires du vignoble du sud-ouest de la France. Il est
ainsi cousin du tannat
N ou de la négrette
N et le fils du prunelard N